Crise sanitaire en France : des soignants à bout de souffle  

 La France est confrontée à une situation de crise sans précédent dans le domaine de la santé, en raison d’un effet de ciseau : A la pénurie grandissante de soignants s’ajoute une demande croissante de soins. Ainsi les vacances de postes augmentent en durée et en nombre. Cette situation est exacerbée par le retard de soins accumulé durant l’épidémie de Covid-19, qui est difficilement rattrapable sans renforts en personnel. Les équipes en place sont donc contraintes de travailler davantage, augmentant leur charge de travail, leur fatigue et le recours aux heures supplémentaires et à l’intérim pour combler les vides dans les équipes. 

 Les conséquences de cette crise dans le secteur de la santé sont dramatiques, avec une multiplication des fermetures de lits et une augmentation des délais d’attente pour les patients. Les soignants, qui sont en première ligne, sont épuisés et près d’un tiers des infirmières et infirmiers français sont en état de burn-out, selon une enquête Ipsos de janvier 2021.  

 Face à cette crise sanitaire qui s’aggrave, des solutions doivent être trouvées pour aider les établissements hospitaliers à faire face à la pénurie de soignants. Il est impératif d’agir rapidement pour éviter une détérioration supplémentaire de la qualité des soins et une dégradation de la santé des soignants.

Comment améliorer les conditions de travail des soignants en gérant efficacement les flux de patients à l’hôpital ?

La pénurie de personnel soignant est un enjeu crucial pour les hôpitaux, mais il est possible de trouver des solutions concrètes pour y remédier. 2 axes de progrès peuvent être mis en place : l’amélioration de l’utilisation des ressources existantes, par exemple en réduisant les no-show et une meilleure efficience de l’utilisation des ressources par exemple en réduisant la DMS (durée moyenne de séjour). 

  • Tout d’abord, anticiper les no-shows et gérer une liste d’attente permet de mieux organiser l’activité des établissements hospitaliers. Selon une étude de la Drees, en 2018, le taux de rendez-vous non honorés en médecine spécialisée en France était de 15,8%.  
  • En développant l’ambulatoire, il est possible de réduire les durées moyennes de séjour (DMS) et d’augmenter les capacités d’accueil. En France en 2021, l’ambulatoire représente 61 % des actes chirurgicaux, contre 80 % en Allemagne et en Suède. Selon l’Institut Montaigne, un développement accru de l’ambulatoire pourrait permettre de réduire les durées de séjour à l’hôpital de 30 % avec un impact direct sur la gestion des flux dans les services. Les avancées technologiques en chirurgie permettent des prises en charge plus rapides et moins invasives, tout en évitant une hospitalisation complète. De plus, de nouvelles thérapies ont été développées avec des modalités d’administration moins lourdes, favorisant ainsi les soins à domicile.  
  • Comme pour les prises en charge ambulatoires, l’admission des patients le jour même de leur intervention (entrées à J0) peut avoir un impact significatif sur la durée moyenne de séjour en réduisant les nuits d’hospitalisation. En effet, en évitant l’admission la veille, les patients peuvent bénéficier d’un confort de vie à domicile et éviter une immobilisation prolongée à l’hôpital, ce qui peut favoriser une guérison plus rapide et un rétablissement plus efficace. 
  • Enfin, mettre en place des programmes de pré-habilitation à la chirurgie, comme cela se fait déjà dans certains établissements, permet aux patients de mieux se préparer à l’intervention, de récupérer plus rapidement et de réduire le risque de complications post-opératoires, ce qui peut contribuer à diminuer les durées de séjour et les ré-hospitalisations éventuelles. 

Pour diminuer la DMS en sécurisant le retour à domicile, plusieurs initiatives peuvent être mises en  place :

  • Libérer rapidement les lits occupés par les patients hospitalisés est une première mesure efficace pour accueillir de nouveaux patients. Selon une étude du ministère de la Santé de 2018, la durée moyenne de séjour en médecine, chirurgie et obstétrique (MCO) était de 7,6 jours en France. Toutefois, il est crucial d’assurer un suivi étroit des patients à leur sortie de l’hôpital afin de garantir leur sécurité. Le suivi des patients à leur sortie de l’hôpital peut se faire de plusieurs façons. Tout d’abord, il est important de s’assurer que les patients ont une bonne compréhension de leurs médicaments et de leur posologie. Ils doivent également être informés des signes et des symptômes à surveiller, ainsi que des mesures à prendre en cas de complication ou de rechute. Les soignants peuvent également planifier des visites à domicile pour vérifier l’état de santé des patients et s’assurer que leur rétablissement se déroule bien. Enfin, des programmes de suivi automatisé peuvent être mis en place pour contacter régulièrement les patients et s’assurer de l’évolution de l’état de santé du patient. Un suivi étroit des patients à leur sortie de l’hôpital permet non seulement de garantir leur sécurité, mais également d’optimiser leur rétablissement et de réduire les risques de ré hospitalisation. 
  • En réduisant les hospitalisations en urgence, il est possible de mieux anticiper les besoins en soins et de mieux organiser l’activité des établissements hospitaliers. Selon une étude de la Drees, en 2018, 47% des hospitalisations en MCO en France étaient des hospitalisations en urgence. Or certaines interventions réalisées aux urgences peuvent être prises en charge en ambulatoire. Par exemple, un patient présentant une appendicite pourrait être invité à revenir à une date définie pour une appendicectomie en ambulatoire, si les conditions le permettent. Cette mesure permet non seulement de libérer des lits, mais aussi d’offrir aux patients une alternative plus confortable et adaptée à leur situation.  

La pénurie de soignants dans les établissements hospitaliers est une réalité inquiétante. Pourtant, il est possible de trouver des solutions innovantes pour optimiser leur activité. L’enjeu est de taille : réduire la durée moyenne de séjour des patients (DMS) afin de libérer des lits pour accueillir de nouveaux patients et ainsi optimiser les flux au sein de l’hôpital. Pour cela, de nombreuses initiatives peuvent être mises en place. Par exemple, l’utilisation de nouvelles technologies comme la télémédecine peut permettre de prendre en charge certains patients à distance, évitant ainsi leur hospitalisation. De même, l’automatisation de certaines tâches, comme le suivi du patient, de sa préparation à sa venue à l’hôpital à son suivi post-opératoire, peut soulager la charge de travail des soignants. Cette automatisation permet au personnel soignant de se concentrer alors sur les patients qui en ont le plus besoin.  

 Et surtout, ces mesures peuvent également contribuer à redonner du sens au travail du personnel soignant en leur permettant de se concentrer sur leur mission principale : prendre soin des patients. En réduisant leur charge de travail administrative et en optimisant les flux de patients, ils pourront consacrer davantage de temps et d’énergie à leurs tâches essentielles, comme le suivi médical, l’accompagnement psychologique et la communication avec les patients et leur famille. Cela peut aider à améliorer la qualité des soins, la satisfaction des patients et la motivation des soignants.