A l’ère du numérique, les données représentent une véritable mine d’or pour l’innovation et le progrès, à condition que leur exploitation soit organisée.

En matière de santé, on dénombre une grande variété d’acteurs qui collectent des données, et cela depuis des sources de plus en plus variées (dossiers patients, applications mobiles, solutions connectées etc). L’accès à ces données constitue un facteur d’amélioration important pour la médecine améliorer. En effet, le croisement de toutes ces informations permet d’améliorer le parcours de soin, la pharmacovigilance, d’accélérer la recherche etc. L’accès à ces Big Data est donc un facteur majeur d’amélioration dans le domaine médical, cependant le cadre législatif français est actuellement très restrictif. Par ailleurs l’accès à ces données requiert également des avancées technologiques telles que l’interopérabilité des systèmes afin de permettre de rassembler les informations venues de différentes sources. Un cadre légal trop restreint peut également causer une perte de compétitivité nationale face à une réglementation européenne plus souple.

Enjeux du Big Data en santé, entre innovation et régulation

Tout d’abord il est crucial d’apporter une définition à ce qu’est une donnée de santé. En 2018, le RGPD les a décrit comme « les données à caractère personnel relatives à la santé physique ou mentale d’une personne physique, y compris la prestation de services de soins de santé, qui révèlent des informations sur l’état de santé de cette personne. »

L’enjeu que représente l’accès à ces données pour le progrès médical est immense. Leur collecte et analyse constituent de nombreux intérêts; mieux traiter les maladies, prédire les épidémies, améliorer le suivi patient et la pharmacovigilance, entre autres.

Cependant, ces informations entrent dans la classification des données à caractère personnel, il est donc interdit de traiter les données de santé relatives à une personne identifiée ou identifiable et de les commercialiser. Selon le RGPD, leur exploitation est seulement possible si la personne concernée donne son consentement “clair et explicite”. Cependant des exceptions existent, notamment lorsque le traitement des données est justifié pour la recherche dans le domaine de la santé ou par des nécessités d’intérêt public. 

Et c’est ainsi le cas pour le Health Data Hub, la Plateforme des données de santé créée suite au rapport du député Cédric Villani de mars 2018 intitulé « Donner un sens à l’intelligence artificielle : pour une stratégie nationale et européenne »

Cette plateforme a pour ambition de répondre au défi de mutualisation des données afin d’accélérer la recherche et l’innovation en santé.

Elle met ainsi à disposition des chercheurs les immenses volumes de données de santé, venant de sources variées. Pour pouvoir y accéder, les entreprises devront justifier l’intérêt général de leur projet et recevoir l’approbation  de la CNIL.

Les perspectives de l’IA

L’analyse croisée de toutes les données de santé grâce à des techniques d’intelligence artificielle fait avancer la médecine vers un modèle décrit comme celui de la médecine des 4P : prédictive, préventive, personnalisée et participative.

En effet, l’application des programmes d’IA à de vastes quantité de données médicales permet d’établir des analyses multiparamétriques beaucoup plus robustes et de nouvelles pistes de diagnostic.

Les bénéfices pour les patients sont tout aussi importants, grâce à l’émergence des applications et objets connectés, ils peuvent désormais gérer leur maladie de façon beaucoup plus autonome, et suivre en temps réel l’état de leur santé, sans se déplacer. Cela favorise considérablement l’accès aux soins, notamment dans les zones qualifiées de déserts médicaux.

Le principal défi résulte en la capacité de favoriser l’accès à ces informations afin de promouvoir le progrès médical tout en protégeant l’anonymat de ces données sensibles.

Un des enjeux est d’ordre technique, afin de faciliter l’accès aux informations venant de diverses sources, il est nécessaire d’élaborer l’intégration et interopérabilité des différents systèmes. Cette démarche se démocratisera dès lors que chaque acteur y verra son bénéfice.

D’autres défis émergent également suite aux débats autour de la mutualisation des données. Les acteurs de la collecte de ces informations s’interrogent. Si ces données sont partagées, quel est le bénéfice perçu pour l’effort de la collecte ?

Les institutions politiques et juridiques jouent bien évidemment un rôle central dans l’évolution de l’interopérabilité des systèmes et la constitution d’un point d’entrée unique à l’information, elles doivent faire évoluer leur cadre de pensée et trouver le juste équilibre pour chaque parties, entre usage, accès et sécurité des données de santé.